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Mads Pedersen champion du monde : Est-ce une surprise ?

Mads Pedersen a déjoué les pronostics en s'imposant dimanche dernier à Harrogate, devenant le premier danois champion du monde de l'histoire, à tout juste 23 ans. Retour sur cette course folle pour un débriefing orienté betting.


Comme pour chacune des courses, perdues comme gagnées, le débriefing représente une part importante de mon appréhension des paris sportifs. La remise en question doit être permanente en betting. Comprendre ses erreurs et essayer de ne plus les reproduire sont les seuls moyens de progresser.

Attardons nous sur cette course élite homme des Championnats du Monde courue sous des conditions météorologiques dantesques qui ont rebattu les cartes dimanche dernier.

Défaillances multiples des favoris, un froid glaçeur de muscles, bouffeur de calories, la victoire ne pouvait revenir qu'à un coureur capable de braver les éléments. Le type de course qui créé la légende du cyclisme. Nos choix étaient-ils bons ? Aurions-nous pu trouver Pedersen vainqueur à Harrogate ? Sa victoire est-elle vraiment une surprise ?


Les paris proposés :


Il est primordial de juger à postériori les paris que l'on a pris. L'approche "result oriented", bien trop présente sur les réseaux sociaux, est le principal cancer dans la communauté des parieurs. Pour être gagnant sur le long terme il faut savoir repérer les paris gagnants qui sont pourtant des erreurs de prise et les paris perdants qui peuvent au contraire avoir été de bons choix. Nous reviendrons sans doutes sur cette facette des paris sportifs au travers d'un article qui y sera dédié.


Sur cette course nous étions partis en bets principaux sur Greg Van Avermaet T3 @ 6,5 et Alexander Kristoff T3 @ 12. L'analyse reposait sur une course d'usure et sur le choix de coureurs d'expérience, endurants, résistants et capables de sortir un sprint en faux plat montant de costauds après plus de 280 kms. Un sprint, qu'il soit pour la victoire en petit comité ou bien pour une place d'honneur derrière un groupe de 2 coureurs ou derrière un homme seul.

Malheureusement, l'analyse s'est révélée mauvaise à partir du moment où la course à été tellement éprouvante qu'aucune équipe n'avait les capacités de chasser les hommes de tête. En effet, la Belgique amputée très tôt de deux de ses meilleurs éléments (Gilbert, Evenepoel) mais aussi la France, l'Australie ou encore la Norvège (EBH aux abonnés absent sur cette course) n'avaient pas les ressources nécessaires pour organiser une chasse et favoriser un sprint. Un point qui était difficilement prévisible il faut l'avouer.

Sagan lui même a annoncé après course qu'il avait choisi délibérément de ne pas suivre l'attaque de MVDP et Trentin car il croyait en les chances d'un regroupement dans le final. J'aurai préféré qu'il ne se trompe pas...


Au final, si Sagan était sans doute le plus fort dans le "peloton" (il fini 5e après une attaque dans le dernier tour) nos choix se sont respectivement classés 1er et 2ème du sprint du peloton pour accrocher les 7e et 8e place de l'épreuve. Des équipiers plus solides et donc un regroupement final auraient sans doute permis de passer les au moins un des deux bets principaux. Malheureusement, les équipiers éprouvés étaient loin du compte et on a très vite compris que les hommes de devant ne seraient jamais repris.

Si le GVA T3 @ 6,5 apparaît comme un choix discutable dans la mesure où il était loin de pouvoir accompagner les coups et a plutôt subi la course, je pense que le choix de Kristoff T3 @ 12 était par contre un excellent choix au vu du parcours, des conditions météo et du profil des coureurs qui ont réussi sur cette épreuve.


Le norvégien était parfait dans la filière de l'endurance / résistance et a prouvé en remportant le sprint du "peloton" qu'avec une équipe plus solide (EBH?), ou bien si la Belgique avait pu compter sur des coureurs comme Evenepoel pour contrôler l'échappée ou du moins une partie de celle ci, il avait le podium dans les jambes. A une telle côte c'était plutôt un choix très correct.

Je pense que si on refait 12 fois la course, Kristoff est sur le podium plus d'une fois... (en gros c'est comme cela que je résonne pour extrapoler ce que je juge être de bons ou mauvais bets afin d'être cohérent sur le long terme. Encore une fois dans une logique faisant abstraction du résultat).


Pour ce qui est des coups "dark horse" et donc des grosses côtes il est difficile de raisonner de la sorte. Naesen @ 101 avait une côte très intéressante, il aurait été un coureur parfait à envoyer à l'avant avec les Kung, Pedersen, Moscon qui ne sont pas forcément plus talentueux que le Belge. Mais la Belgique a couru à contre temps et n'a pas su exploiter ses pions. Le scénario de dimanche dernier était le scénario parfait pour le bet "Naesen" mais à la différence du bet sur Kristoff c'est plutôt les jambes du jour et/ou la tactique du coureur en question et de l'équipe qui ont condamné ce pari. Naesen a été réquisitionné pour rouler en tête du peloton plutôt que pour se glisser dans les coups ce qui aurait été plus logique. Par ailleurs Naesen ne s'était pas forcément montré en excellente forme ces dernières semaines. Malgré tout, à une telle côte je jugerai ce bet ni mauvais, ni bon, dans la mesure où le scénario était le bon mais où c'est l'équipe et/ou la forme du bonhomme qui ont péché.

Pour ce qui est de Riabushenko @ 500, même si le biélorusse a résisté jusqu'à une trentaine de kms de l'arrivée, je jugerai par contre ce bet de plutôt mauvais. Dans des conditions météorologiques pareilles, il n'y avait que peu de place pour une surprise, toute aussi talentueuse qu'elle soit, qui n'avait jamais forcément montré de prédispositions particulières sous la pluie et dans le froid. Dans une telle course d'usure il fallait quand même quelques garanties à ce niveau là ce qui n'était pas le cas de Riabushenko.


Les bets perso long terme ont également été perdants. Le principal était Van der Poel @ 4,5, sans doute un bon bet puisque l'on peut raisonnablement penser que sans son hypoglycémie il aurait certainement gagné la course et permis d'être en positif sur l'épreuve. Si on fait 9 fois la course, l'aurait-il gagnée plus de 2 fois? Je pense que oui. Le parcours était vraiment parfait pour ses caractéristiques, la préparation l'était également. Le corps a lui lâché sans prévenir, il n'y a pas de regrets à avoir de l'avoir pris à cette côte.

Les autres étaient plutôt des value bet avant baisse de côte. Les closing odds ont largement été battues ce qui confirme que ces choix (en petite mise) n'étaient pas mauvais.

Bennett @ 175 > @ 15 en début de live

Lutsenko @ 60 > @ 20 au départ de la course

Néanmoins, la météo a fait que c'était trop compliqué pour un coureur comme Bennett qui, malgré ses progrès cette saison, n'a jamais prouvé qu'il était capable de répéter de tels efforts dans de telles conditions. Il n'a jamais montré qu'il pouvait avoir la caisse sur une si longue filière pour résister à une course épique type "Flandrienne". @175 avant les infos sur la météo le bet n'était pas mauvais, l'erreur aurait été de le prendre en surbet @ 25 ou @ 15 en début de live en connaissant les conditions du jour. Pour ce qui est de Lutsenko, très en forme sur les dernières courses, il a subi 3 ennuis mécaniques qui l'ont mis hors course, impossible de juger sa performance dans ces conditions. En résumé de manière totalement subjective, je jugerai les bets sur MVDP @ 4,5 et Kristoff T3 @ 12 comme de bons bets. Les values bet sur Lutsenko @ 60 et Bennett @ 175 avant de connaître les conditions météo l'étaient également en petite mise. Pour ce qui est de GVA T3 @ 6,5 et Naesen @ 101 c'était plutôt moyen. Riabushenko @ 500 en connaissant les conditions météo, par contre, était sans doute un mauvais bet, mais la mise était très faible et donc la répercussion sur la BK minime.


Pour moi ce n'est donc pas catastrophique sur les choix, par contre la question est de savoir si j'aurai pu ou non inclure Mads Pedersen et pourquoi je ne l'ai pas fait, les regrets pourraient donc être à ce niveau.




Mad Mads la surprise du chef ?


Il est très facile de dire à postériori "j'aurai du le jouer", mais je vous avoue que j'y ai à peine pensé quand j'ai établi ma short list. Pourtant, Mads Pedersen est un coureur qui ne sort pas de nulle part et que j'apprécie beaucoup. Dans ce cas là je me demande pour quelles raisons je l'ai délibérément écarté de la course à la victoire.


Et le constat est clair, je suis tombé dans un piège classique du parieur qui est une sorte de "rage quit" sur un coureur. Lorsque l'on cesse de croire en quelqu'un après une série de bets perdus sur ce même coureur. Assez classique, cette erreur peut faire perdre toute objectivité sur un coureur et dans ce cas ne m'a pas incité à creuser plus sur les infos le concernant avant cette course. Je ne dis pas que j'aurai forcément misé sur lui si je n'avais pas fait cette erreur mais en tout cas je ne me suis pas donné les chances de le faire.


Mads Pedersen a toujours été au sommet quelque soit la catégorie d'âge. Dès les juniors il s'est affirmé notamment en 2013 en remportant Paris-Roubaix et terminant deuxième des mondiaux derrière MVDP. De quoi le placarder comme une jeune pépite à suivre de près. A à peine 18 ans il prenait part au Tour du Danemark élite et prenait la 10e place du contre-la-montre.. Tout juste impressionnant.

Mais je vous avoue que je l'ai personnellement découvert et vu pour la première fois à l'oeuvre sous les couleurs de l'équipe Conti Pro Cult Energy l'année d'après, sur les 4 jours de Dunkerque, lorsqu'il prenait la 7e place sur l'étape de Cassel pour finalement se classer 6e du général à 19 ans.


Son passage en Pro Tour à 21 ans dans l'équipe Trek Segafredo a été logiquement une réussite.

Rapidement dans l'allure, Pedersen est devenu champion de Danemark dès sa première saison chez Trek. Et l'image la plus impressionnante qui me reste cette année là est sa victoire sur l'étape reine du Tour du Danemark (dont il a remporté le classement général). Dans un sprint en côte tout en puissance, il a montré une résistance au lactique impressionnante à cet âge là reléguant la concurrence (Valgren, Weening ...) au rang de faire valoir. C'est à ce moment là que je me suis dit qu'il en gagnerait de sacrément belles rapidement.

Les qualités d'endurance, de résistance et de mental qui lui ont permis de devenir champion du monde dimanche dernier il les a montré en 2018 en prenant la 2e place du Tour des Flandres au bout d'une course de "gazier".

Il a écrasé les pédales toute la journée. A l'attaque à 80 kms puis à 50 kms de l'arrivée (encore plus loin que dimanche dernier), Mads Pedersen (22 ans) a été le dernier de son groupe d'échappée a s'accrocher au retour de Nicki Terpstra. Même après avoir été lâché par le Néerlandais, il a su montrer des capacités de résistance incroyables pour tenir sa deuxième place et résister au retour du champion du monde Peter Sagan. Dès le Giro de cette même année j'ai commencé à miser sur Pedersen sur une étape qui me semblait similaire à celle qu'il avait gagné devant Valgren au Tour du Danemark l'année précédente. Mais Pedersen loin du compte n'avait pas pris part à la lutte finale. 2018 était toutefois l'occasion pour lui de rappeler qu'il était comme un poisson dans l'eau dans des conditions météo extrêmes lors de sa victoire sur le Tour d'Eurométropole en fin d'année. Jusque là, ne pas penser à lui pour ces mondiaux aurait été une faute professionnelle. Malheureusement, son année 2019 n'a pas parlé pour lui et m'a induit totalement en erreur à son sujet.

Sa campagne de classiques 2019 a été un premier gros coup d'arrêt dans sa progression qui apparaissait linéaire jusqu'alors. 33e du Tour des Flandres, 51e de Paris-Roubaix, premier coup de mou pour Mads Pedersen. Jamais dans le coup, il a quand même montré quelques signes de progrès avec une 3e place (encore sous la pluie) au Tour de Pologne, de quoi m'inciter à tenter le coup avec lui pour cette année (une dernière fois) sur le BinckBank Tour.

Une petite mise sur le général @ 61 assez vite perdue, un coup tenté sur sa victoire d'étape lors de la dernière étape "flandrienne" @ 60. Pedersen fort dans l'échappée tout d'abord, a finalement craqué avant Madouas ce jour là. Ce qui a fini par me convaincre qu'il ne gagnerait sans doute rien de grand en 2019... Trop déçu, le fameux "rage quit" donc.



Pour ce mondial, la présence de coureurs comme Fuglsang et Asgreen auteurs d'une saison 2019 exceptionnelle ou encore celle de Valgren très en vue au Bénélux faisaient passer pour moi le Pedersen 2019 au rang de simple équipier alors que le Pedersen 2018 aurait trouvé en ce circuit et cette météo un terrain de jeu idéal pour être un outsider sérieux.

Et ce n'est malheureusement pas sa victoire à Isbergues, battant un Gougeard hors de forme qui allait me faire changer d'avis. Et l'erreur était là. Je pense que sans ce "rage quit" j'aurai au moins creusé un peu plus autour de cette course et lu les déclarations autour du ce GP d'Isbergues. C'est à ce niveau là que l'ouverture aurait pu être présente. Un article lu a postériori paru sur la Voix du Nord me donne quelques regrets.

"Mads avait déjà réalisé une très bonne première année chez les pros (ndlr : En PT), puis sa deuxième saison a été encore plus exceptionnelle. Il a cru qu'il allait franchir un pallier supplémentaire en travaillant encore davantage. Mais le corps a eu besoin de dire stop". (Kim Andersen son DS). Mads Pedersen a donc encaissé l'échec de sa campagne printanière. Puis, il s'est ressaisi pour cibler son pic de forme pour le Mondial en ligne programmé dimanche. (https://www.lavoixdunord.fr/641197/article/2019-09-22/cyclisme-mads-pedersen-realise-un-exploit-au-grand-prix-d-isbergues)

Evidemment, même si j'avais lu cet article je n'aurai pas forcément misé sur lui pour autant. Je pense que je persistais à croire qu'il serait équipier de Fuglsang et Valgren notamment, ce qui était d'ailleurs le plan de départ de l'équipe du Danemark. Mais je me serai au moins posé la question et sans doutes aurait été plus attentif à lui en livebet. Si il y a eut une erreur sur cette course c'est bien celle là. Perdre son objectivité sur un coureur qui nous a déçu et ne pas ou plus prendre la peine de suivre son actualité même après des victoires. Attention à ce "rage quit" assez fréquent. L'important et de ne pas reproduire les erreurs.

Sur la Vuelta on a essayé de jouer sur cela avec les paris "day after" car très souvent le vainqueur annoncé remporte l'étape du lendemain. On a insisté sur des coureurs comme Higuita ou Cavagna qui ont gagné après avoir fait perdre des bets les jours précédents. Je ne l'avais pas fait sur Herrada et Fuglsang qui étaient proposés à des côtes bien moins intéressantes il faut le dire aussi.

La leçon à tirer de tout cela est qu'il faut faire confiance en ses analyses. Si ça ne score pas tout de suite, mais que l'analyse sur un coureur est bonne elle finira bien par payer un jour.



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