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8 coureurs à suivre pour 2020

Dernière mise à jour : 31 janv. 2020

La saison 2019 a été marquée par la prise de pouvoir de la nouvelle génération. Entre les révélations Tadej Pogacar, Remco Evenepoel, Mathieu Van der Poel ou encore les confirmations de coureurs comme Egan Bernal la saison a été frappée par le sceau de la jeunesse. Dans cet article je ferai un focus sur 8 coureurs, qui ne sont pas forcément les plus jeunes du peloton, mais qui je pense pourraient être les bonnes surprises de cette année 2020. En bons chasseurs de grosses côtes il ne faudra pas manquer leurs éclosions ou leur retour au premier plan !



Les Révélations

Alberto Dainese (Team Sunweb) 21 ans, Italien - Sprinteur

Le jeune italien, champion d’Europe U23, représente pour moi le futur du sprint mondial. Dans une spécialité où les jeunes ont plus de mal à s’affirmer dès leur première saison professionnelle, Dainese pourrait faire figure d’exception en remportant quelques belles courses dès 2020.


Sur le circuit continental, Dainese a laissé entrevoir une pointe de vitesse rarement rencontrée à ce niveau. Des qualités intrinsèques de pur sprinteur qui lui ont permis de récolter pas moins de 7 victoires, la plupart avec plusieurs vélos d’avance sur la concurrence. C’était notamment le cas lorsqu’il décrochait le titre de champion d’Europe de sa catégorie à Alkmaar en août.

Un profil à la Groenewegen, qu’il a d’ailleurs déjà battu en fin d’année 2018 sur une semi-classique belge. Dainese semble encore limité lorsque la course se durcie et performe pour le moment essentiellement par ses qualités de vitesse pure. Un diamant brut à façonner donc, mais qui semble être à bonne école dans sa nouvelle équipe. En effet, la formation Sunweb, réputée pour bien gérer ses jeunes talents semble être une équipe parfaite pour sa progression et son développement.


Orpheline de Tom Dumoulin, l’équipe sera également plus tournée vers les sprints et les classiques autour de coureurs comme Matthews, Benoot ou Bol, de quoi mettre le jeune italien dans de meilleures conditions.

Avec le départ de l'allemand Walscheid pour l'équipe NTT Pro Cycling, Dainese pourrait même faire figure sprinteur n°1 s'il arrive à se faire rapidement une place parmi les Cees Bol ou Max Kanter qui ne sont pas encore des sprinteurs de premier plan non plus. Il y a fort à parier également sur le fait que Matthews se tourne cette année plus vers les classiques que vers les sprints massifs des courses par étapes.

Dès le mois de janvier et le Tour Down Under, Dainese aura certainement l’occasion de se mesurer aux grosses cuisses du peloton World Tour et de faire parler sa pointe de vitesse. De là a décrocher des victoires à ce niveau de compétition ? Pourquoi pas.

Janik Steimle (Deceunink Quick Step) 23 ans, Allemand - Rouleur

Niki Terpstra parti l’an passé, Philippe Gilbert cette saison, Zdenek Stybar et Yves Lampaert semblant être plus proches de la fin que du début de leurs meilleures saisons, le squad « flandrien » de la Deceunink est en pleine mutation. Place désormais à la jeunesse, avec les prises de pouvoir attendues de Kasper Asgreen, Florian Sénéchal et peut-être bientôt Janik Steimle.


Le rouleur allemand, que l’on surnomme « Le Buffle » est une force de la nature. En vue sur le circuit continental avec des victoires sur le Tour d’Autriche ou encore La Flèche du Sud, Steimle a décroché un contrat de stagiaire avec la Deceunink Quick-Step en aout dernier. Et autant dire qu’il n’a pas laissé passé sa chance.

2 victoires en 7 épreuves, acquises avec la manière, et un travail d’équipier impressionnant sur les autres courses, Steimle a montré toute l’étendue de son talent. Sa victoire dans le Championnat des Flandres a marqué les esprits. Des qualités de rouleur et de résistance hors normes, Steimle a résisté pendant près de 15 kilomètres à un peloton lancé à sa poursuite malgré un fort vent de face. Il failli même rééditer sa performance dans le final de l’Eurométropole Tour quelques jours plus tard alors qu’il avait auparavant fait l’essentiel du travail en tête de peloton pour ses leaders. Suffisant pour convaincre Patrick Lefévère de lui offrir un contrat de deux saisons au sein du "Wolf Pack".

Jannik Steimle semble posséder les qualités requises pour performer sur les classiques flandriennes. A l’aise avec les conditions météorologiques les plus défavorables (vent, pluie), il apparaît comme une solide rouleur, puissant et technique. Il performe également sur les contre-la-montre de courtes distances et les prologues. On ajoute à cela une pointe de vitesse lors des sprints massifs et une certaine capacité de punch dans les ascensions courtes pour en faire un futur crack sur les courses d’un jour. Nous n’avons pas eut l’occasion de le voir à l’œuvre sur les pavés mais il ne fait aucun doute pour moi qu’il ne devrait pas être mal à l’aise non plus sur ce type de terrain.


Un coureur qui me fait beaucoup penser à son compatriote Nils Pollit, dauphin l’an passé de Philippe Gilbert dans l’Enfer du Nord. Steimle aura sans doute un rôle d’équipier cette année mais je pense que son tempérament offensif et son talent pourraient lui permettre dès 2020 de rafler quelques bouquets en late attack lorsque la Deucenink sera en surnombre. Un coureur qui sera également à surveiller lors des prologues de courses World Tour auxquelles il participera.

Chris Harper (Team Jumbo Visma) 25 ans, Australien - Grimpeur

« Les coureurs à suivre pour l’année 2020 », c’est l’occasion de sortir un nom de derrière les fagots. Mon dévolu se porte sur le plus tout jeune Chris Harper (25 ans déjà), une des nouvelles recrues de la Jumbo-Visma.

Un parcours atypique, un peu à la Primoz Roglic. Si Chris Harper n’était pas un sauteur à ski, bien qu'il existe quelques stations de ski dans les Alpes australiennes, comme son nouvel équiper il a commencé le sport de haut niveau dans une discipline différente, à savoir le tennis. Comme Roglic il a débuté la bicyclette sur le tard (il n’a que 4 ans de vélo derrière lui) et comme Roglic il a performé rapidement et montré des résultats aux tests physiques assez incroyables. Enfin comme Roglic, c’est l’équipe Jumbo-Visma qui tente le pari de le faire passer à l’échelon World Tour alors qu'il ne possède pas le parcours ni l'âge des "néo-pros" classiques.


Harper a été réellement en vue pour la première fois en 2017 sur le Tour du Langkawi (6e du classement général), où il jouait des coudes avec des grimpeurs maintenant bien connus comme Bernal, Higuita et O’Connor. Souvent présent sur les épreuves d’Océanie et d’Asie, Harper a également terminé à deux reprises sur le podium des Championnats Nationaux australiens (2018 et 2019). Il aurait même pu légitimement espérer porter le maillot irisé l’an passé puisqu’il s’était montré le plus fort dans les ascensions avant que Cameron Mayer et lui même ne laissent l’inconnu Michael Frieberg les surprendre à la flamme rouge. La suite de sa saison a convaincu plusieurs équipes WT de se positionner sur ce coureur qui s’est imposé comme un des tous meilleurs grimpeurs du circuit continental.

Une solide prestation au Tour Down Under, où il a réalisé une course agressive (24e au classement final) et un Herald Sun Tour terminé à une belle 4e place (derrière Van Baarle, Schulz et Woods mais devant Porte, Lucas Hamilton et Elissonde notamment) allaient compléter sa saison australienne. Plus tard dans l’année il leva les bras sur des courses moins huppées remportant de nettes victoires au Tour du Japon (où il s’impose en solitaire au sommet du Mont Fuji) et surtout au Tour de Savoie Mont Blanc (2 victoires d’étapes et une avance de plus de 6 minutes au général sur son dauphin).

Il était temps pour l’australien de gravir la marche du World Tour. La petite histoire nous révélait il y a quelques mois que dans son ancienne formation (Bridgelane, une formation construite pour révéler des jeunes talents océanien et de laquelle est notamment sorti Richie Porte), les coureurs ne touchaient pas de salaire et avaient même dû payer leur billet pour l’Europe et leur hébergement pour participer au Tour de Savoie Mont Blanc. Un investissement qui semble aujourd’hui bien rentable à Chris Harper qui fait dorénavant parti d’une des équipes les plus puissantes du World Tour.

La question est de savoir jusqu’où peut aller ce coureur. Il est très difficile de se prononcer, mais nous pouvons légitimement penser que sa marge de progression devrait être encore bien importante dans une structure ultra-professionnalisée avec un entourage et des méthodes d’entrainement et de préparation au top niveau mondial.


Pourquoi pas le voir revêtir enfin le maillot de champion national, après deux podiums ces deux dernières années. Et le voir se mêler aux favoris dès le Tour Down Under en janvier, dans une édition qui devrait favoriser un peu plus les grimpeurs. Enfin, il ne fait nul doute qu’il sera au moins un atout de plus en montagne pour ses leaders lors des courses par étapes. Une trajectoire à la Roglic ou bien au moins une présence en tête de peloton lorsque la route s’élèvera pour mener ses leaders au succès. Dans tous les cas, je pense que Harper est un nom que l’on devrait retrouver régulièrement à l’avant dans les saisons à venir.


Quinten Hermans (Circus - Wanty Gobert) 24 ans, Belge - Puncheur / Flahute

Van der Poel, Van Aert, Stybar, Alaphilippe, Sagan, Teunissen … les exemples de tops coureurs actuels ayant fait leurs armes dans les labourés sont de plus en plus nombreux. Le belge Quinten Hermans semble avoir le profil du coureur de cyclo-cross ayant des prédispositions sur la route et pourrait rejoindre cette liste non exhaustive. L’école de l’agilité et de l’explosivité, cultive l’audace des cyclistes sur route de demain. Hermans a ce profil punchy qui lui promet un bel avenir sur route.

En 2020 Hermans a rejoint pour la première fois une équipe sur route de niveau Conti Pro en devenant la tête de proue du projet Wanty Gobert qui consiste à faire de l’équipe une équipe mixte (route-cyclo cross). Le double champion d’Europe espoir de cyclo-cross semble heureux de pouvoir se consacrer un peu plus à la route à maintenant 24 ans et voit cette signature comme une opportunité : « Le nouveau projet de Tormans CX by Wanty-Gobert est tombé à pic ! A mon jeune âge, j’avais besoin d’une vision à long terme et je suis heureux que Tormans CX m’accorde sa confiance pour les trois prochaines années de ma carrière. J’ai l’ambition de rouler plus souvent sur la route, mais pas au détriment du cyclo-cross. C’est vraiment l’alchimie parfaite avec cette nouvelle équipe ! Tant sur la route qu’en cyclo-cross, nous serons bien encadrés. J’évolue déjà depuis plusieurs années dans la même équipe, et je suis impatient d’intégrer un groupe soudé dès janvier chez Wanty-Gobert. Je suis impatient de découvrir de nouveaux défis sur la route, avec des épreuves d’un niveau supérieur. »

Car en effet, Hermans bien qu’ayant peu montré le bout de son nez sur route par le passé, a déjà impressionné les observateurs. 2e du Tour de Wallonie 2018 dans le même temps que le vainqueur Tim Wellens, il avait remporté une belle étape dans un sprint en comité réduit et avait porté le maillot de leader. On ajoute à cela un top 10 au Tour de Belgique 2018 et un autre top 10 sur le Tour de Wallonie 2019 pour ses principaux faits d’armes.

Hermans semble être un coureur polyvalent, rapide au sprint, très explosif, plutôt puissant et qui sait s’adapter aux conditions difficiles. Ceci n’est pas une surprise chez le numéro 7 mondial de cyclo-cross. Net vainqueur également l’an passé sur la Flèche du Sud avec 3 victoires dans les 3 première étapes, il avait alors écrasé la concurrence par sa puissance et sa technique lors du prologue et par son punch sur les deux étapes suivantes au profil vallonné.

Dans l’équipe Circus-Wanty Gobert, Hermans pourrait également être aligné parmi le squad flandrien, courses pour lesquelles il a montré quelques prédispositions en signant notamment une belle troisième place sur le difficile Dwars door het Hageland, battu par Vanbilsen et Terpstra. Ses participations à la Nokere Koerse et la Flèche Wallone sont déjà inscrites à son programme 2020 mais sa polyvalence pourrait surtout lui permettre de décrocher des succès cette année sur quasiment tous les terrains.


Les Confirmations

Tim Merlier (Alpecin - Fenix) 27 ans, Belge - Sprinteur

Dans la liste des cyclo-crossmen qui performent sur la route, il conviendra d’ajouter Tim Merlier cette saison. Si le champion de Belgique en titre sur route ne semble pas posséder le talent ni la polyvalence de Wout Van Aert ou Mathieu Van der Poel, il possède dans son bagage une qualité que les autres n’ont pas aussi exacerbée, à savoir une pointe de vitesse XXL. Celle-ci devrait lui permettre de faire lui aussi une belle carrière sur route.


De l’avis de Van Aert lui même, Merlier est clairement le plus rapide des cyclo-crossmen. Plus âgé (il a fait 27 ans en octobre dernier), Merlier a pourtant commencé a montré son potentiel sur route que cette saison.

Sortant d’une saison de cyclo-cross catastrophique du fait d’un virus puis d’une mauvaise chute, Merlier était au creux de la vague il y a tout juste une année. Il a même pris part au printemps dernier à plusieurs courses sur route en tenue noire, faute d’équipe. C’est alors qu’il a été remarqué par la formation de Mathieu Van der Poel et qu’il a rejoint les rangs de la Corendon-Circus. Les résultats furent immédiats, avec des places d’honneur sur ses deux premières étapes au Tour de Belgique (2e de la première étape réglant le sprint du peloton derrière un échappé et 3e de la seconde étape battu au sprint seulement par Jakobsen). Mais c’est évidemment sur le Tour des Onze Villes (Elfstedenronde) qu’il a marqué les esprits avec un sprint « YouTube » lancé de loin et de l'arrière faisant passer Jakobsen et Philipsen pour des coureurs de seconde zone. Une forme et un statut de nouveau phénomène du sprint belge qu’il allait confirmer en remportant le maillot tricolore la semaine suivante. S’en suit une fin de saison plutôt solide avec 4 autres succès et quelques places d’honneur sur des semi-classiques belges. Sur ces dernières, il montra des capacités de résistance intéressantes sur des parcours plus difficiles, faisant espérer le voir réussir à l'avenir sur les classiques flandriennes.


Performant cet hiver dans les sous-bois, bien qu’en retrait par rapport à Mathieu Van der Poel évidemment, Tim Merlier pourrait devenir le premier belge à porter simultanément les maillots de champion de Belgique sur route et cyclo-cross dimanche prochain, son entraîneur Bourgonjon en est convaincu : « De la façon dont je le vois rouler maintenant, il a une réelle chance. Le parcours à Anvers est moins exigeant que celui de Renaix ou d’Overijse. Et même là, Tim figurait dans le top 5. » Tout de même, je pense que Iserbyt sera le grand favori et devrait rendre la tache très difficile à Merlier sur cette course. Et c’est sur le route que je vois Merlier remporter ses principaux succès en 2020.

Merlier a envie de se tester sur une saison pleine sur route dans cette équipe Alpecin-Fénix qui lui a permis l’an passé de passer un cap, et où il a trouvé un meilleur équilibre dans sa façon de s’entraîner. Avec un programme de course plus étoffé et un accès à des courses de plus grand standing grâce notamment à la hype autour de son équipier Van der Poel, Merlier aura l’occasion de montrer son talent dans les plus belles classiques du calendrier.

Le sprinteur belge rêve de faire ses débuts au printemps prochain sur le Tour des Flandres et Paris-Roubaix. Si le Tour des Flandres le fait rêver car l’arrivée à Oudenaarde se situe à 4 kilomètres de chez lui, l'Enfer du Nord semble être celle qui lui convient le mieux. Néanmoins, il reste une inconnue sur sa capacité à encaisser de si longues distances en course. Ce sera une découverte pour lui cette année, et je le vois plus cibler des épreuves comme la Nokere Koerse. Pourquoi pas également Gand-Wevelgem, où il pourrait profiter de l’absence de son leader Van der Poel (qui sera présent sur les routes du Tour de Catalogne) pour y conquérir un premier succès de prestige.


Ivan Ramiro Sosa (Team Ineos) 22 ans, Colombien - Grimpeur

Sosa c'est le talent brut, le grimpeur colombien racé comme on n'en voit plus. Celui qui est capable de perdre 10 minutes sur une étape de plaine, de faire perdre son équipe lors d'un contre-la-montre par équipe, mais aussi et surtout de reprendre 20 secondes en 1 km aux meilleurs sur une accélération en montagne. Sosa, par à-coups a déjà aussi été au niveau des tous meilleurs grimpeurs du peloton, capable de grimper un col à plus de 2000m d'altitude à 6W/kgs pendant plus d'une demi heure.


Souvent comparé à Bernal par ses résultats chez Androni, le cadet du dernier vainqueur du Tour de 10 mois, apparait néanmoins moins complet que son leader. Par contre, je pense qu'il un potentiel de grimpeur au moins aussi important. Un temps en avance sur les temps de passage de Bernal, Sosa a connu une première saison World Tour chez Sky (puis Ineos) en demi-teinte. Sans doute moins solide mentalement (comme pourrait le suggérer sa fin de saison loupée en 2018 du temps où se décidait son transfert) je pense que cette saison de transition était nécessaire au jeune colombien de tout juste 22 ans. Souvent équipier, Sosa n'a pas joui des mêmes responsabilités qui avaient été données à Bernal lors de sa première année chez l'ogre britannique. Un bon choix à mon sens pour ce coureur, fragile, qui a semble-t-il difficilement encaissé l'imbroglio qui a entouré son transfert et la bataille juridique entre Salvio, les agents et les équipes Trek-Segafredo et Team Sky.

S'il n'a pas été aussi aérien qu'on avait pu le voir en 2018 sous les couleurs de l'équipe Androni, Sosa a tout de même fait une première saison correcte.

Irréprochable dans son rôle d'équipier en début d'année sur Paris-Nice et le Tour de Catalogne il est pour beaucoup dans les résultats de Bernal (1er et 3e de ces deux épreuves). Plus tôt encore, il semblait même le plus fort en montagne sur un Tour de Colombie ultra relevé (Lopez, Bernal, Quintana, Alaphilippe, Uran, Martinez...). Deuxième finalement pour 4 secondes derrière Lopez, Sosa est sans doute passé à côté de sa première victoire dans une course par étape avec la Sky à cause de son équipe qui a roulé sur lui privilégiant la carte Bernal en début d'épreuve.

Finalement ce qu'on retient le plus de sa saison est son Giro totalement loupé. Appelé de dernière minute pour pallier le forfait de Moscon, Sosa est arrivé hors de forme sur l'épreuve italienne. Détaché de responsabilités au général il a peiné en fin d'épreuve à jouer les étapes en échappée. Certains y verront une incapacité et un manque de caisse pour les Grands Tours. Je retiens surtout que son rajout de dernière minute a du beaucoup jouer dans ses performances italiennes loin de ce qu'il avait montré en montagne en début de saison. Sosa se voulait toutefois rassurant sur ses performances dans le Giro : "J'ai très bien terminé ce Tour d'Italie et j'étais très calme durant toute l'épreuve. L'idée est d'utiliser tout ce que j'ai appris pour m'améliorer l'année prochaine. Je suis sur la bonne voie pour le futur". Des déclarations qui confirment le désir chez Ineos de préserver et de ne pas lancer trop vite la pépite colombienne.

Sosa trouvait la forme quelques semaines plus tard en décrochant sa première victoire avec la Team Ineos sur la Route d'Occitanie au sommet de l'Hospice de France battant Alejandro Valverde et Rigoberto Uran. Sans doute le déblocage pour ce coureur en besoin de confiance. Pour la première fois dans un rôle de leader, il remporta haut la main le Tour de Burgos, épreuve lors de laquelle son jump qui lui avait permis d'humilier Miguel Angel Lopez l'année précédente semblait presque retrouvé malgré une concurrence assez faible. Une nouvelle fois dans un rôle d'équipier de Bernal il a bluffé son monde en Italie par la suite. Tout d'abord sur le Gran Piemonte qu'il termine deuxième, il semblait même plus costaud dans l'ascension finale que son leader qu'il a toutefois emmené à la victoire (sans doute sa plus grosse perf de la saison si on prend en compte les données développées par Bernal sur la montée d'Oropa : 6,3W/kg en 18min14). Important aussi pour le podium de Bernal sur le Tour de Lombardie, Sosa a montré des capacités d'endurance intéressantes terminant finalement 14e après avoir travaillé une bonne partie de l'épreuve. Une excellente fin de saison qui prouve pour moi la bonne gestion de son cas du côté de la Ineos. Je le vois bien exploser cette année et peut être même bousculer la hiérarchie dans son équipe tant son talent d'escaladeur est grand. Sosa a été préservé, a connu sa première expérience en Grand Tour sans pression, il est temps pour lui maintenant de s'affirmer et de montrer son potentiel.

Les spécialistes lui prêtent un profil à la Joaquim Rodriguez de part son punch dans les derniers kilomètres des ascensions; Mais son entraineur Javier Artetxe assure qu'il est le plus efficace sur les longues montées. Lors de la prochaine Vuelta, Le Tourmalet ou l'Angliru pourraient être le théâtre de son éclosion aux yeux du grand public, avant cela je le pense capable de franchir un palier sur les courses d'une semaine et de montrer les crocs sur des épreuves WT comme le Tour de Catalogne ou le Tour de Suisse par exemple. Ivan Sosa est la note "vintage" du cyclisme colombien, lame irrégulière mais bien tranchante il pourrait tirer son épingle du jeu lors des prochaines années dans un cyclisme moderne avec des parcours de plus en plus atypiques et de plus en plus orientés pour les grimpeurs. Un cyclisme à la recherche de spectacle, Sosa est le type de coureur capable de faire se lever les foules.



Les Revanchards


Ruben Fernandez (Fundacion Euskadi) 28 ans, Espagnol - Puncheur

Disparu des radars depuis près de trois ans, l’ancien vainqueur du Tour de l’Avenir descend d’un étage en 2020 pour retrouver un nouvel élan et relancer sa carrière. Après cinq années passées en WT chez Movistar, le puncheur espagnol sera le leader de l’équipe basque Fundacion Euskadi promue pour la saison prochaine en Conti Pro.

Fernandez a été propulsé comme l’espoir du cyclisme Espagnol lorsqu’il remportait en 2013 le Tour de l’Avenir devant les frères Yates, Formolo, Alaphilippe ou encore Konrad. L’ascension les années suivantes était sans accrocs. Deux saisons sérieuses chez Caja Rujal puis un transfert vers l’équipe ibérique phare, la Movistar d’Alejandro Valverde. Dès sa première saison, Ruben Fernandez engrange quelques top 10 (Tour de Grande Bretagne, Tour Down Under, Tour de Burgos…), performances qu’il réitère la saison suivante malgré un rôle d’équipier, 6e du Tour Down Under, du Tour de Pologne, et du Tour de Burgos.

Son punch lui permettra même de revêtir le maillot rouge de leader de la Vuelta lorsqu’il terminait deuxième de la troisième étape, remportée par Géniez au sommet du Mirador de Izaro, mais surtout premier du groupe des favoris devant Valverde, Froome et Chaves. Le Mirador de Izaro marquait malheureusement aussi le sommet de sa carrière, à 25 ans, puisqu’on ne le reverra plus jamais à ce niveau.

Une clavicule cassée lors d’une chute lors de Milan - Turin 2016 marquait le début d'une longe série de blessures et pépins de toutes sortes. S'en suit une sévère chute en pré-saison 2017 au cours de laquelle il se casse la mâchoire et perd plusieurs dents. Puis une saison 2017 décevante marquée par plusieurs blessures. C’est à l’occasion d’un examen radio de contrôle suite à sa fracture de la mandibule un an plus tôt que Ruben Fernandez pensait avoir trouvé la solution à ses problèmes. En effet, plusieurs caries étaient visiblement à l’origine d’une infection plus généralisée et de tensions descendantes et déséquilibres à l’origine de tendinites, douleurs aux genoux et au pied. Une fois ses dents soignées, un surplus d’entraînement pour revenir plus vite début 2018 allait lui causer une fracture de fatigue au pied du à une surpression encore une fois… Finalement s’en suit deux années de galère avec peu de résultats et une rétrogradation dans la hiérarchie des équipiers de la Movistar (il ne fit pas un seul grand tour en 2019). Une lente descente aux enfers qui semblait prendre fin en automne dernier.

Ruben Fernandez a semblé voir le bout du tunnel lors du dernier Tour de Lombardie durant lequel on a retrouvé, pour la première fois depuis bien longtemps, le coureur laissé sur la Vuelta 2016. A l’attaque dans le mur de Sormano il a fait un travail considérable pour Valverde, menant le groupe des favoris dans les premiers kilomètres du Civiglio et ne lâchant prise que lorsqu'il ne restait plus que 15 coureurs en lice pour la victoire.

Nouveau challenge donc l’an prochain dans l’équipe de son ami est ex-équipier Mikel Landa (président de la Fundacion Euskadi). S’il est épargné par les blessures et qu’il réitère des performances dignes de son Tour de Lombardie, une renaissance est je le pense possible. En tant que leader de son équipe, il aura la possibilité de briguer des top 10 sur des épreuves espagnoles telles que la Ruta del Sol ou encore le Tour de Valence et le Tour de Murcie en début de saison.

Mais, aussi et surtout, je pense qu’il aura la liberté de se montrer et de se glisser dans les échappées lors des épreuves World Tour auxquelles prendra part sa formation (Tour de Catalogne, Tour du Pays Basque et s’ils sont invités la Vuelta). Pourquoi pas enfin une première victoire World Tour pour cet ex « futur crack » du cyclisme espagnol. Aupa Ruben !


Fernando Gaviria (UAE Team Emirates) 25 ans, Colombien - Sprinteur

2020 sera pour moi l’année du rachat pour Fernando Gaviria. On a tendance à vite oublier que « El Misil » était il y a un peu plus d’un an considéré comme le meilleur sprinteur de la planète après qu’il se soit emparé du maillot jaune au soir de la première étape du Tour de France 2018. Trois jours plus tard, il doublait la mise pour assoir un peu plus ce statut. Rapidement propulsé au devant de la scène grâce à des sprints ahurissants alors qu’il n’avait que 20 ans et battait les Sagan ou Cavendish, Gaviria a très mal encaissé son transfert dans le Team UAE à l’hiver dernier. Une saison 2019 à oublier pour un coureur qui a semblé perdu dans sa nouvelle équipe, sans son poisson pilote attitré et ami Maximiliano Richeze. Des débuts moyens puis une blessure au genou récurrente ont eut raison de ses ambitions l’an passé. Une victoire d'étape sur le Giro néanmoins, mais un abandon précoce, il du aussi renoncer au Tour et est arrivé sur la Vuelta hors de forme. Pas moins de 3 mois sans faire de vélo pour une saison décevante au moment d’en faire le bilan. Ceci lui a valu aux yeux des suiveurs une évidente rétrogradation dans la hiérarchie des sprinteurs mondiaux l’année des émergences et des progressions des Ewan, Bennett, Jakobsen, Ackermann ou encore Viviani.

Néanmoins, les voyants semblent être au vert pour Gaviria à l’aube de la saison 2020. Tout d’abord, nous avons pu noter deux belles victoires en fin de saison dernière au Tour de Guangxi en Chine durant lesquelles le colombien a semblé récupérer ses capacités, enfin libéré par ses soucis au genou. Deux sprints longs, sans doutes ses plus beaux de la saison qui reléguaient Pascal Ackermann au rang de faire valoir. Aussi et surtout, Fernando Gaviria retrouvera son poisson de pilote de toujours, Richeze, qui vient de signer dans l’équipe UAE pour rejoindre son ancien leader. Le duo gagnant est reformé ce qui ne manquera pas de donner un boost de confiance certain à Gaviria. Déterminant lors de ses plus beaux succès (que ce soit ses 4 victoires sur le Giro 2017 ou ses 2 victoires sur le Tour 2018), Richeze semble également ravi de retrouver le sprinteur avec lequel il dit avoir nourri la meilleure relation depuis le début de sa carrière : " C'est un nouveau défi. J'ai décidé de le rejoindre à cause de la façon dont nous travaillons ensemble, sur et hors du vélo. Je me sentais à l'aise avec Modolo et Viviani mais Fernando est la meilleure relation que j'ai eue. L'aider à gagner au plus haut niveau est important pour moi, quelque chose qui me motive beaucoup. Nous travaillons dur pour retrouver le plus haut niveau et le succès qu'il a connu les années précédentes. "


La combinaison gagnante Richeze-Gaviria sera de retour dès le Tour de San Juan avant de tenter de glaner rapidement de gros succès, tout d’abord sur Tirreno Adriatico mais aussi et surtout sur Milan – San Remo qui sera l’objectif principal de Gaviria en début de saison. Une classique qu’il a été proche de remporter en 2016 alors qu’il n’avait que 21 ans. Lors de cette édition, une chute bête dans le dernier kilomètre alors qu’il faisait office d’épouvantail allait ruiner ses chances de victoire, dans un Milan - San Remo abordable remporté par Arnaud Demare. La Primavera lui semblait alors promise dans les années suivantes, mais les puncheurs en 2017 et 2019 et une chute sur Tirreno en 2018 ont empêché la prophétie de se réaliser. Celle ci pourrait enfin se concrétiser cette saison, celle où on l’attend sans doute le moins.


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