Jeux Olympiques Tokyo : route (H)

Musashinonomori Park > Fuji Circuit: 232.19 Km / D+ : 4362m

Le parcours

Mes paris :

Sergio Higuita T3 @ 11 (0,3%) Unibet Bauke Mollema @ 50 (0,15%) Betclic

5 ans après Greg Van Avermaet, vainqueur d'une course folle à Rio, le titre Olympique de cyclisme sur route en ligne est remis en jeu la nuit prochaine sur un parcours dessiné autour du Mont Fuji. Cette course, nous allons être clairs, est sans doute pour moi la plus indécise de l'année. Un parcours exigent, le facteur Olympique et médaille qui rebat les cartes quant aux stratégies de course et surtout une météo atypique et des préparations aux antipodes entre les différents favoris laissent un panel d'incertitudes qui rend la course quasiment imprévisible. Pour ces raisons, je reste mesuré sur les mises et ne vous conseillerai pas de dédier 1% de votre BK à Roglic ou Pogacar, favoris de l'épreuve sur le papier. Nous partirons sur un bet de la raison et un du feeling. Beaucoup de questions se posent avant cette épreuve. La première est évidemment celle de la préparation idéale. Entre les coureurs comme Remco Evenepoel qui sont sur place depuis près de 2 semaines pour s'acclimater à la chaleur mais surtout à l'humidité et les dernières nations arrivées sur place (Slovénie, Colombie, Espagne) qui sont arrivées mardi, la différence est énorme pour une épreuve se déroulant sous un climat si atypique. Néanmoins, si on en croit l'historique des épreuves de championnat (Imola 2020, Rio 2016) le Tour de France (souvent en tant que chasseur d'étape) semble être la meilleure des préparations. Quelle est la meilleure solution entre privilégier la course comme préparation où l'acclimatation tropicale ? La réponse est délicate et je pense qu'elle dépend de chacun. L'épreuve des JO de Rio semble être comparable en terme de conditions climatiques, un climat assez tropical et au final des coureurs venus du Tour quasi exclusivement qui ont trusté le top20 (sauf Andrey Zeits 8e). Donc rien ne semble remplacer la course comme préparation. Par contre, il semblerait que chasser les étapes et non jouer un classement général sur 3 semaines serait un gros plus pour être en forme dans une épreuve de championnat en suivant. Le podium des mondiaux d'Imola l'an dernier (Alaphilippe, Van Aert, Hirschi) va aussi en ce sens. Néanmoins, l'épreuve de Rio présentait quelques différences notables, tout d'abord elle était programmée 2 semaines après l'arrivée du Tour (donc laissait quelques jours d'acclimatation de plus aux coureurs arrivant du Tour) et surtout, était courue il y a maintenant 5 ans. Depuis, les préparations sont de plus en plus pointues et l'entrainement semble parfois capable de supplanter les jours de course (Cf VeloMagazine spécial Tour de France). Egan Bernal s'est présenté sur le Giro sans avoir couru depuis plusieurs semaines, il en est de même pour Pogacar et Roglic sur le Tour de France. Les vérités de 2021 ne sont plus celles de 2016 et il semblerait qu'il soit possible d'appréhender ce type d'épreuve différemment d'il y a 5 ans. Comment choisir nos picks ? Telle est la grande question. Pour moi, la préparation compte (mais nous pouvons difficilement prévoir laquelle sera la meilleure), la forme du moment aussi, et le passé de certains coureurs peut également nous donner des indications essentielles. Aussi, gardons à l'esprit qu'une épreuve Olympique est incomparable aux autres en terme de scénario de course. Des équipes réduites, des courses difficilement contrôlables, beaucoup de co-leaders capables de tirer les marrons du feux et surtout 3 médaillés donc parfois 3 gagnants potentiels. Une seconde et une troisième place sur cette épreuve a beaucoup plus de poids que sur les autres. Si 3 coureurs se détachent dans la terrible ascension du Mikuni Pass, tout porte à croire qu'il s'entendront pour aller chercher les médailles, si 1 coureur fait la différence, il y a des chances que les hommes de derrière se regardent encore plus qu'à l'habitude et pensent à l'avance à la médaille d'argent.

Mais la course s'annonce ouverte, un groupe de co-leader peut prendre les devant loin de l'arrivée, avant même le Mikuni Pass. Si les grosses nations sont représentées, difficile de savoir qui va prendre en charge la poursuite.. L'intelligence tactique des coureurs sera essentielle demain, même si le Mikuni (près de 7 kms à plus de 10% à 29 kms de l'arrivée) semble ne pas laisser de place aux faibles. Dans une course "normale", Tadej Pogacar ferait figure de favori logique. Une course groupée au pied du Mikuni Pass et le plus fort se dégage dans les pentes extrême... Si jamais quelques coureurs s'accrochent, pas de problèmes pour lui, il a de grandes chances d'être aussi le plus fort au sprint comme il l'a montré sur Liège-Bastogne-Liège. Néanmoins, Pogacar a montré quelques faiblesses relatives sous la chaleur, et a laissé penser sur le dernier mondial à Imola qu'il n'était pas le meilleur des coureurs pour surcompenser après un Grand Tour et potentialiser son pic de forme 1 semaine après l'arrivée. Enfin, il est arrivé tard sur place et il a un le Tour joué comme leader en guise de préparation, ce qui ne me semble pas être la meilleure approche.

Primoz Roglic semble être le slovène qui est finalement le plus attendu pour la médaille d'or, comme une revanche après sa chute du Tour de France qui nous a privé d'une lutte plus serrée pour le maillot jaune ces dernières semaines. Néanmoins, quelques doutes persistent sur sa préparation. D'un côté nous lisons que moins de trois semaines après sa chute, Roglic avait déjà lancé des valeurs de puissances inédites à l'entraînement (https://www.ad.nl/tour-de-france/jumbo-visma-vertrekt-met-grote-grijns-volgend-jaar-komen-we-terug-om-de-tour-te-winnen~aa52ca78/?referrer=https%3A%2F%2Ft.co%2F ), d'un autre nous voyons sur son compte Instagram qu'il a coupé plusieurs semaines et repris l'entrainement sur route qu'il y a 8 jours.. Pourquoi pas se positionner en live si nous le sentons fort et que nous voyons que Pogacar semble rouler pour lui, mais en prélive @ 7, pour un coureur qui n'a repris qu'il y a 1 semaine, malgré ce qu'on peut lire sur ses données de puissances, je passe mon tour. Vous l'avez donc compris, nous ne nous positionnerons pas sur les favoris des bookmakers pour cette course et j'espère une course très ouverte qui se décidera pourquoi pas avant le Mikuni Pass ou encore bien après, pour une late attack après regroupement dans la descente. Pour moi, la meilleure préparation reste tout de même le Tour de France, mais un Tour de France abordé dans la peau d'un équipier et non d'un leader qui s'accroche pour une place au général. Mon main pick se porte sur le colombien Sergio Higuita, le pick du feeling. Sergio Higuita est un des coureurs qui m'a fait la meilleure impression sur ce Tour. Il est monté en puissance au fil des jours, une forme ascendante claire qu'il avait déjà évoquée dans un média colombien le 11 juillet dernier avant de réaliser un grande traversée des Pyrénées, et déjà les Jeux Olympiques dans un coin de la tête.

"De jour en jour, la condition s'améliore. C'est une excellente préparation pour les Jeux Olympiques" (Sergio Higuita, Marca.co)

Si pour l'instant Higuita n'a jamais prouvé qu'il était capable de remporter une grande course d'un jour, je pense qu'il a la forme idéale pour aborder ces JO et le potentiel pour exceller sur ce type d'épreuve malgré tout. Punchy, rapide au sprint, Higuita semble aussi être performant dans les conditions climatiques extrêmes. Aussi, je pense que les pourcentages du Mikuni Pass avec notamment près de 4 kms à plus de 12% peuvent être à l'avantage des coureurs légers comme Sergio Higuita. Une médaille du colombien, quelque soit son métal, me semble être une possibilité non négligeable. Passons maintenant au bet de la raison. Il y a pour moi un seul homme qui coche toutes les cases nécessaires à orienter nos jeux, il s'agit du Néerlandais Bauke Mollema. Nous l'avons abordé pour Pogacar, la capacité de surcompensation, une semaine après le Tour de France, est une donne extrêmement importante. Julian Alaphilippe et Alejandro Valverde sont les plus connus pour cela. Mais, sous les radars, Bauke Mollema n'est pas en reste avec ses 8 tops 10 consécutifs sur le Classica San Sebastien (dont 3 podiums et 1 victoire).

Aussi, Mollema a montré sa capacité d'adaptation en remportant la Japan Cup assez facilement en 2019, une semaine seulement après avoir gagné le Lombardie. Certains comparent le Mikuni Pass au Civiglio (juge de paix du Tour de Lombardie), pas de problème pour Mollema, 4e et vainqueur des deux derniers Lombardie.

Ajoutons à cela l'aspect stratégique (Mollema semble être un as de la Late Attack), la forme du moment (une victoire d'étape à la pédale après un numéro solitaire dans un Tour de France couru la tête concentrée sur les JO) ; Mollema a tout pour créer une surprise qui n'en serait finalement pas une. Une chose est certaine, le Néerlandais prépare son affaire et sera à suivre sur cette épreuve.

"Les Jeux olympiques sont dans mon esprit depuis le moment où le parcours à Tokyo a été annoncé. Depuis ce moment-là, il y a environ trois ans maintenant, j'ai jeté mon dévolu sur cette course." (Bauke Mollema, Wielerflits.nl)

"Deux fois sur trois, je suis allé au Japon, j'ai gagné cette course", a-t-il déclaré. "Je pense que le Japon est un pays magnifique. Pour la Japan Cup, nous nous sommes envolés pour Tokyo quatre jours seulement avant la course. Mais oui, la Japan Cup est à un niveau complètement différent. Mon expérience de ces trois visites est que j'ai peu de problèmes avec le décalage horaire. De toute façon, je n'ai jamais souffert du décalage horaire. Ces dernières années, je me suis habitué à ne pas dormir beaucoup. Donc même si je dors un peu moins à Tokyo, je ne m'en soucierai pas trop." (Bauke Mollema, Wielerflits.nl)

"Je considérais le Tour de France comme la meilleure préparation pour les Jeux Olympiques. C'est différent en tant que coureur de classement, car alors vous devez travailler tous les jours. La concentration et le stress vous demandent également beaucoup. Ma condition du Tour est maintenant la base parfaite." (Bauke Mollema, Wielerflits.nl)