Paris-Roubaix 2022

Compiègne > Roubaix: 257.11 Km

Le parcours :

Le scénario :

La Reine des Classiques vient clôturer aujourd'hui la saison 2022 des Flandriennes. L'occasion pour certains de finir en beauté, pour d'autres de se racheter. Nous n'allons pas détailler le parcours que nous commençons à connaître, et je laisse le soin à d'autres qui le font beaucoup mieux que moi de le faire. Nous allons nous attarder sur les éléments plus ou moins rationnels qui ont guidé mes choix, aujourd'hui peut être à contre courant de l'opinion générale. Tout d'abord, et j'ai l'habitude de le dire avant chaque "Enfer du Nord", j'insiste sur le caractère particulier et unique de Paris-Roubaix. Pour moi, cette épreuve doit nous forcer à ouvrir notre esprit et voir plus loin que les momentum de forme que nous avons vus sur les autres flandriennes. En effet, l'explosivité est moins présente sur Paris-Roubaix que sur les autres Flandriennes et il est commun de retrouver sur Paris-Roubaix des purs spécialistes des pavés du Nord de la France qui était auparavant absents des débats lors des autres flandriennes, mais aussi parfois lors de la totalité de la saison, où leur rôle est souvent cantonné à celui d'équipier de part leur capacité à mener des bout droits dans la plaine. Il y a de grosses variations dans les coureurs qui peuvent faire un résultat entre Paris-Roubaix et le Tour des Flandres. Donc il ne serait pour moi pas étonnant que certains coureurs que l'on n'a pas encore vus soient dans le mix aujourd'hui. Certains gros moteurs du peloton auront peut être une occasion unique dans leur saison de se montrer aux avants postes et jouer crânement leur chance, nul doute qu'ils ne voudront pas laisser passer cette occasion. Ainsi mon "unpopular opinion number 1" est que pour moi l'équipe Ineos ne dominera pas autant qu'elle l'a fait sur les dernières courses. Avis risqué tant ils ont été impressionnants ces dernières semaines. Mais je pense que des coureurs comme l'explosif Pidcock (absent sur cette épreuve qui lui convient beaucoup moins bien que les autres flandriennes), ou Michal Kwiatkowski, malgré de belles promesses l'an dernier jusqu'à Aremberg, ne sont pas taillés pour cette course. J'ai le sentiment qu'il manquera de la caisse au jeune Magnus Sheffield, malgré tout son talent et l'affect que je lui porte, et je doute du statut de favori que l'on donne à Filippo Ganna, lui qui n'a jamais vraiment prouvé quoique ce soit sur les pavés en élites, que ce soit sur Paris-Roubaix ou bien sur d’autres flandriennes. Evidemment il a le profil "gros moteur" qu'il faut pour gagner cette classique mais un statut de surprise / dark horse me semble plus adapté au rouleur italien.

Je pense que Paris-Roubaix est une affaire de spécialistes et si certains me diront que les trois premiers de l'édition 2021 en étaient à leur premier essai je leur répondrais qu'un Paris-Roubaix sous la pluie était une première pour l'ensemble du peloton. Finalement, un seul coureur me semble vraiment capable de créer la surprise chez Ineos, tant il s'est montré éblouissant récemment dans cette filière "gros moteur", c'est le jeune cyclo-crossman britannique Ben Turner. Je le pense capable de rester au contact des tous meilleurs très longtemps, voire jusqu'au bout, mais je ne vois pas Ineos tant en surnombre que sur la Branbançonne.

En revanche, je pense que l'équipe Quick Step Alpha Vinyl reprendra des couleurs ce dimanche. Les hommes de Patrick Lefevère ont la pression aujourd'hui mais à mon sens leur caractéristiques conviennent bien plus à une course comme Paris-Roubaix qu'aux classiques flandriennes Belges. Moins explosifs mais plus expérimentés, les spécialistes flandriens du WolfPack ont une belle occasion de faire oublier une campagne de classiques catastrophique. Je place en tête de file de la Quick Step le cambrésien Florian Sénéchal. Ce n'est un secret pour personne, Paris-Roubaix est sa course de coeur, le principal objectif de ses saisons depuis qu'il est professionnel. Sa dernière apparition aux avants postes de la Reine des classiques remonte à 2019 où il prend la 6e place d'une édition remportée par son leader Philippe Gilbert après lui avoir fait la cassure pour permettre au bon groupe de faire la différence. Depuis, Florian Sénéchal a pris une nouvelle dimension. Il fait désormais parti des coureurs protégés de Lefevère et se présente sur ce Paris-Roubaix en co-leader. 2020 a été annulé, 2021 sous la pluie n'a pas été une réussite avec un ennui mécanique au pire des moments, juste avant la Trouée d'Aremberg, le mettant hors course, 2022 est finalement la première réelle chance du nouveau Sénéchal sur un Paris-Roubaix ensoleillé et poussiéreux qui laissera moins de place au hasard et favorisera les purs spécialistes passeurs de pavés.

Sa saison 2022 n'a pour le moment pas été une réussite pour diverses raisons. Virus grippal sur Paris-Nice, incident mécanique au GP E3 juste avant le Paterberg et l'attaque des Jumbo Visma, chute sur Gand-Wevelgem, puis crampes d'estomac au Tour des Flandres... Florian Sénéchal n'a pu s'exprimer cette saison sur les classiques. Néanmoins il précise que ses jambes sont là, voire même meilleures qu'à pareille période l'an passé. Le doute peut exister sur cette affirmation, néanmoins elle serait en accord avec l'évolution du Français, lente mais constante. Sénéchal ne cesse de progresser d'année en année. L'occasion est belle aujourd'hui pour enfin prouver qu'il est passé dans une autre dimension et qu'il est maintenant capable de gagner sur SA course. J'ai du mal a imaginer Sénéchal terminer sa carrière sans au moins monter une fois sur le podium de Paris-Roubaix, cette saison est une belle occasion. L'irrationnel va également dans son sens, à la roue dont on attend qu'elle tourne nous pouvons y ajouter l'intuition féminine.

"Ma femme m'a souvent dit que j'étais bien sur Roubaix une édition sur deux. La prochaine sera mieux, et en plus elle arrive vite" Florian Sénéchal, lavoixdunord.fr

Kasper Asgreen a montré qu'il faisait parti du top 5 sur ces classiques. Le vainqueur du Ronde 2021, 3e des Strade Bianche cette année devrait être en mesure de jouer avec Florian Sénéchal dans le final de ce Paris-Roubaix. Avec eux, nous pouvons rajouter sur cette épreuve les anciens Yves Lampaert et Zdenek Stybar. Bien que Lampaert ait du mal à se remettre de ses problèmes de santé de début de saison, il ne faut jamais l'éliminer sur un Paris-Roubaix. Souvent un des plus forts ici, comme en 2019 et même l'an passé, Lampaert est un véritable spécialiste de ce pavé typique de l'Enfer du Nord. Ajoutons Ballerini qui y avait fait une belle première avec Astana en 2019 et nous devrions avoirs un Wolf Pack en nombre, revanchard et offensif aujourd'hui. Rien n'est plus dangereux qu'une bête blessée, et cette semaine supplémentaire accordée par les élections présidentielles en France a peut être été une aubaine pour que la bête finisse de panser ses blessures. Mon "unpopular opinion number 2" est que je vois malgré tout de la value sur la cote du favori dans une course aussi indécise sur le papier que Paris-Roubaix. Effectivement, l'Enfer du Nord peut éliminer n'importe qui sur chute ou crevaison au pire des moments et la part de chance sur cette épreuve est bien plus importante que sur toute autre course. Aussi il n'est pas rare de donner une chance à l'échappée matinale sur Roubaix, ce qui n'est jamais le cas sur les autres monuments. Enfin, il ne faut jamais sous estimer la tactique d'équipe dans Paris-Roubaix et l'importance du surnombre dans le final (ex 2014). Néanmoins, les plus forts y font le plus souvent la différence, bien plus que sur une épreuve comme l'Amstel Gold Race de dimanche dernier. Sans ça, nous n'aurions pas de multiples vainqueurs comme Tom Boonen (4), Fabian Cancellara (3) ou encore Johan Museew (3) dans l'ère moderne. Greg Van Avermaet et Peter Sagan, plus récemment, s'y sont également imposés en patrons ces dernières années.

Cette année, Mathieu Van der Poel se présente en favori. Avec un Wout Van Aert dont la condition réelle reste une énigme, et en l'absence de l'ogre Pogacar, ce statut me semble tout à fait justifié. Monsieur Monument (sur le podium des 4 derniers monuments qu'il a disputé dont une victoire sur le Ronde 2022) a pour moi toutes les cartes en main pour réaliser le fameux doublé Tour des Flandres / Paris-Roubaix cette année. La start list est également amputée de gros outsiders comme Gianni Moscon, Sonny Colbrelli ou encore Sep Vanmarcke et comme nous l'avons dit précédemment je ne pense pas que la Team Ineos sera autant en surnombre que sur les courses précédentes et pourra faire valoir cet avantage dans le final.

Enfin, je pense qu'un Paris-Roubaix sec et poussiéreux est parfait pour les caractéristiques de Mathieu Van der Poel. Certaines éditions ont montré qu'il était difficile de s'imposer pour le favori s'il était isolé dans le final, mais Mathieu Van der Poel a montré cette saison de vrais progrès dans sa gestion de la course et son sens tactique. Je pense qu'il est beaucoup plus apte que par le passé à gérer ce genre de situation. Enfin, son sprint semble s'être encore amélioré, ses coups de poing sur Milan-San Remo, Tour des Flandres ou encore l'Amstel où il a à chaque fois remporté le sprint de son groupe devrait lui donner confiance sur le vélodrome s'il est encore accompagné. Enfin, nous ne pouvons pas passer à coté d'une petit bet "bonbon" sur un scénario surprise et sur la perf d'un spécialiste invisible jusqu'alors depuis le début de la saison. La cote la plus intéressante sur ce profil semble être celle de l'Allemand de près de 2 mètres Jonas Rutsch. Impressionnant l'an passé, un temps 5e de la course avant sa crevaison dans le carrefour de l'Arbre, Rutsch a loupé sa saison des classiques 2022, se remettant difficilement comme beaucoup de la maladie... Pour lui aussi, cette semaine supplémentaire pour se rétablir et construire sa forme en vue de l'objectif de sa saison est une chance. Les jambes ont semblé progressivement revenir ses dernières semaines, et il a fait forte impression lors de la reconnaissance au sein de son équipe EF. En bonus deux bets Hors ANJ : je pars sur les top10 des deux français Damien Touzé et Alexys Brunel. Le premier a montré cette saison de belles choses, notamment en tant que "passeur de pavés" sur le GP de Denain lors duquel il était aux avants postes dans le final avec Roglic, Narvaez, Turner et Sheffield. La forme est là en témoigne la bonne impression qu'il m'a laissé sur Paris-Camembert cette semaine et Ag2r a montré que ses seconds couteaux pouvaient être envoyés à l'avant puisque que Dewulf a pris l'échappée sur le Tour des Flandres. Van Avermaet et Naesen ne donnent plus suffisamment de garanties pour tout miser sur eux et je vois bien Touzé avoir le profil du coureur de l'échappée qui résiste longtemps dans le final au contact des favoris. Alexys Brunel, quant à lui, est comme Sénéchal un des régional de l'étape. Toujours à l'aise sur les pavés il a le profil "gros moteur" qu'il faut pour cette course. Il aura la liberté de jouer sa carte chez UAE avec un Trentin qui a concédé en interview qu'il n'était pas dans sa meilleure condition.

***** Van der Poel

**** Sénéchal, Asgreen

*** Pedersen, Laporte, Van Aert

** Turner, Kung, Lampaert, Ganna, Turgis

dark horse : Rutsch, Van Hooijdonk, Hoole

Mes paris : Mathieu Van der Poel @ 4,20 (0,5%) PMU Florian Sénéchal T3 @ 7,5 (0,25%) Unibet Florian Sénéchal @ 28 (0,15%) Unibet Jonas Rutsch @ 150 (0,05%) Winamax bonus hors ANJ Damien Touzé T10 @ 21 (0,15%) Napoleons Games Alexys Brunel T10 @ 26 (0,1%) Napoleons Games