Tour de France : Qu'attendre de la cuvée 2020 ? (1/2)
- martos1432
- 23 nov. 2019
- 20 min de lecture
Un Tour de France new look, sans répit et orienté pour les grimpeurs / puncheurs selon les dires de Thierry Gouvenou. J'ai décrypté pour vous le parcours du prochain Tour de France. Entre feu d'artifice annoncé et coup d'épée dans l'eau, que pourrons nous attendre du prochain Tour de France ? Une chose est certaine pour moi, des opportunités au niveau du betting seront présentes quoi qu'il arrive et ce n'est pas pour me déplaire. Parcours, favoris, grosses cotes, spectacle, petit passage en revu histoire de saliver avant la reprise des affaires courantes.
Dans cette première partie, nous ferons une analyse étape par étape agrémentée de la reconstitution des profils des moments clés de la course.

Le Parcours :
Tout d'abord, rappelons que le parcours définitif n'est pas connu à 100%. ASO a proposé lors de la présentation officielle un parcours qui ne sera finalisé et disponible pour le grand public qu'en juin avec la sortie du Road Book officiel. Certains profils présentés ici ne sont que des profils officieux et ont été recréés sur la plateforme OpenRunner. Les profils de certains cols ont été pris dans la base de données cyclingcols.net, la plus fiable de mon humble avis. Néanmoins nous disposons de suffisamment d'éléments pour connaître l'essentiel du parcours définitif depuis la présentation officielle effectuée par Christian Prudhomme le 15 octobre dernier.
SEMAINE 1 :
C'est LA principale surprise de ce Tour de France 2020. Une première semaine où la montagne sera pour une fois présente de bout en bout pour 5 étapes sur 9 réservées aux grimpeurs. Dès le premier week-end nous aurons une étape tracée dans l'arrière pays niçois présentant 2 grands cols (Colmiane et Turini). Ensuite, un passage éclair par le sud des Alpes puis le sud du Massif Central pour deux étapes classées "moyenne montagne" avec arrivées au sommet (à Orcières-Merlette et au Mont Aigoual), avant de rejoindre les Pyrénées pour deux étapes musclées vers Loudenvielle et Laruns.
Etape 1 (27 juin) : Nice (moyen pays) - Nice
156 kms ; D+ : 2000m . Une première étape déjà indécise. Classée moyenne montagne, l'issue dépendra selon moi surtout de la startlist au niveau des sprinteurs et de leurs équipiers. Deux petites boucles et une grande boucle dans l'arrière pays niçois pour 3 ascensions de la côte d'Aspremont dont les 5 premiers kms sont les plus difficiles (environ 6%). La dernière boucle, longue de 67kms voit l'enchainement de Aspremont et d'un faux plat pour rallier Lavèze (point culminant de cette étape) à 38 kms de l'arrivée. Ensuite, les coureurs entameront une longue redescente vers Nice pour une belle arrivée sur la promenade des anglais. Une route très défavorable aux échappées, les sprinteurs devraient se jouer la victoire, surtout s'ils sont suffisamment épaulés et venus en nombre. Sur une première étape et avec la perspective d'endosser le mythique maillot jaune je pense que les grosses cuisses ne vont pas laisser passer leur chance. Certains pur sprinteurs pourraient toutefois être mis en difficulté sur ce parcours nerveux et difficile.
Etape 2 (28 juin) : Nice (haut pays) - Nice
190 kms ; D+ : 4000m . L'attraction de ce début de Tour : une étape de "haute montagne" dès le deuxième jour de course. Une telle étape, si tôt dans la course, ce n'était plus arrivé depuis le Tour 1979 avec une arrivée à Luchon. Néanmoins, si cette étape est classée "haute montagne" par les organisateurs, je pense qu'il y a peu de chance pour y voir des écarts importants entre les favoris du Tour de France. Tout dépendra évidemment de la capacité des Ineos et des Jumbo pour filtrer l'échappée. Néanmoins, le sommet du Turini, dernière très grosse difficulté de la journée, étant placé à près de 90kms de l'arrivée je ne vois pas un grand nom tenter le coup de si loin. Et ce ne sont pas pour moi les deux ascensions du col d'Eze (la seconde raccourcie puisque les coureurs prendront à droite au col des Quatres Chemins pour rejoindre Nice) qui pourront faire la différence entre les cadors.
Donc selon la composition de l'échappée, je pense que ce sera l'occasion idéale pour les baroudeurs-grimpeurs (des profils à la Ciccone, Edet, Rolland, Teuns, Muhlberger, Peters...) de remporter une étape de prestige, endosser le maillot jaune et pourquoi pas se mettre à rêver d'un bon classement général si un jeu d'intox s'installe entre les deux équipes phares que seront la Team Ineos et la Jumbo-Visma. Le profil complet de l'étape ci-dessous :

Etape 3 (29 juin) : Nice - Sisteron
198 kms; D+ : 3660m. Nouvelle étape piège en perspectives. Si l'étape est sur le papier promise aux sprinteurs nous noterons tout de même une première moitié sans répit sur un profil vallonné pour au final une étape avec pas moins de 7 difficultés répertoriées et un total de plus de 3660 m de dénivelé positif. Soit un niveau de difficulté compris entre le St Flour - Albi et le Macon - St Etienne de l'an passé. Néanmoins, les dernières bosses sont assez loin de l'arrivée et si c'est une équipe de second rideau qui s'est emparée du maillot jaune la veille, ce qui me semble être le plus probable, il ne fait nul doute qu'elle tentera de le défendre et que l'échappée ne pourra certainement pas avoir de marge suffisante pour résister aux équipes des sprinteurs sur la seconde moitié du parcours. Si je vois donc un sprint pour des sprinteurs passe-partout ce sera une nouvelle étape très difficile qui éprouvera déjà grandement les organismes.
Etape 4 (30 juin) : Sisteron - Orcières-Merlette
157 kms ; D+ : 3170m. Première arrivée au sommet dans le sud des Alpes sur cette quatrième étape. Là encore les organisateurs ont fait dans la nouveauté. Connue pour avoir été le théâtre d'une arrivée d'étape historique au cours de laquelle Ocaña avait relégué Eddy Merckx à plus de 8 minutes en 1971, cette montée en elle même n'est pas insurmontable car plutôt roulante et ne devrait pas creuser beaucoup d'écarts entre les favoris qui seront certainement encore sur la défensive. Une arrivée sur un col de 10 kms avec les 7 derniers kms à un peu moins de 7% de pente moyenne ce sera tout de même un premier test. L'issue de l'étape dépendra une nouvelle fois du coureur qui portera le maillot jaune ce jour là et du danger que représentera l'échappée pour celui ci. Mais beaucoup de baroudeurs devraient déjà être loin au général et pourraient avoir sans doute assez de liberté pour challenger la victoire d'une étape qui s'apparente à une course de côte. Ci dessous le profil de la montée vers la station d'Orcières-Merlette :

Etape 5 (1er juillet) : Gap - Privas
185 kms ; D+ : 1411m. Enfin une étape pour purs sprinteurs ? Et bien non, puisque l'arrivée sera jugée en légère bosse. Evidemment, des coureurs comme Bennett, Ewan, Viviani ou encore Ackermann ont montré ces dernières saisons qu'ils pouvaient s'imposer sur ce type de final, mais des Matthews, Stuyven, Van Avermaet ou encore Alaphilippe auront leur mot à dire sur ce final assez indécis. A noter également les deux virages en épingle dans les 400 derniers mètres et une route plutôt étroite sur cette arrivée. Une étape par ailleurs plate qui devrait être tout de même contrôlée par les équipes de sprinteurs. Elles n'auront pas beaucoup d'occasions sur ce Tour de France et auront vraisemblablement dans leurs rangs des coureurs capables de s'imposer sur ce type de final dont voici les 25 derniers kilomètres.

Etape 6 (2 juillet) : Le Teil - Mont Aigoual
190 kms ; D+ : 3070m. Après avoir goûté au sud des Alpes, les coureurs vont emprunter les rampes du sud du Massif Central dans le Massif des Cévennes. Les premiers très forts pourcentages seront au rendez vous de cette étape. Si Orcières-Merlette était catalogué de col roulant, la montée de la Lusette (avant dernière difficulté de cette étape et un des 4 cols inédits de ce Tour 2020) devra être escaladée sur de plus petits braquets (5 kms à près de 10% dont 1 km à plus de 12% de pente moyenne). Le sommet de la Lusette se situe à 15 kms de l'arrivée, cette ascension pourrait être la première sur laquelle des favoris pourraient s'attaquer véritablement. Je vois malgré tout mal des Froome, Pinot ou encore Roglic passer à l'offensive à cet endroit là si tôt dans la course, mais plus des coureurs plus offensifs tels que Landa ou Miguel Angel Lopez. Ils pourraient y tenter quelque chose et lancer les grandes hostilités. A voir la réaction des autres, les éventuelles première grosses défaillances et les forces en présence pour un peloton qui sera sans doute déjà éprouvé après seulement six jours de course. Ci dessous, les 50 derniers kms de cette 6e étape ainsi que le profil du col de la Lusette.


Etape 7 (3 juillet) : Millau - Lavaur
170kms ; D+ : 1950m. Peut-être enfin la première véritable étape pour les purs sprinteurs. Quoi que, le début d'étape apparaît vallonné et les coureurs devront escalader en milieu de parcours le Col de Peyronnenc (15 kms à 4% de moyenne) entre l'Aveyron et le Tarn. Néanmoins son sommet est situé à 90 kms de l'arrivée. Ceci devrait permettre aux équipes de sprinteurs de s'organiser dans la longue descente vers Lavaur pour peut être un premier sprint avec tout le gratin du sprint mondial. 3 ronds points dans le dernier kilomètre et un dernier virage à 300 mètres de la ligne d'arrivée pourraient pimenter le sprint. Cependant, avec 3 jours de montagne déjà dans les jambes nous ne sommes pas à l'abris d'un hold up de la part des échappées surtout si le peloton se ressent le besoin de souffler avant les Pyrénées. Notons également la bosse en début d'étape qui devrait permettre à des coureurs costauds de prendre les devant et rendre le filtrage des équipes de sprinteurs plus délicat.
Etape 8 (4 juillet) : Cazères - Loudenvielle
139 kms ; D+ : 3742m. Comme si cette première semaine n'avait pas été suffisamment difficile, place maintenant au week-end pyrénéen avant une journée de repos bien méritée.
Il n'y a pas de format "sprint" sur ce Tour de France comme c'était le cas lors des éditions précédentes, aucune étape ne fait moins de 100 kms. Cette 8e étape de moins de 140 kms aura toutefois cette saveur puisqu'elle proposera 3 ascensions rapprochées en moins de 100 kms. Une étape comme on les aime en decrescendo avec deux cols difficiles en milieu d'étape et une ascension un peu moins délicate pour finir avant un final en descente. Malheureusement ce qui pourrait être un terrain de jeu parfait pour une offensive lointaine risque de ne pas être exploité à sa juste valeur. En effet, placé en première semaine, après des étapes éprouvantes, avec sans doute des écarts minces entres les favoris et surtout la veille d'une étape de haute montagne qui elle même précèdera le premier repos cela n'incitera pas les gros à bouger dès Balès et c'est bien dommage. L'étape de Laruns sera plus à même d'être le théâtre d'offensives sans trop penser au lendemain.
Une nouvelle fois une étape qui me semble être donc réservée aux baroudeurs-grimpeurs et sur laquelle les favoris ne devraient que très peu s'attaquer. Le Col de Peyresourde n'est pas réputé pour être un terrain favorable aux attaques d'envergure et la descente, bien que rapide, y est peu technique. Il faudrait espérer que l'on ait du mouvement dans le Port de Balès pour avoir du grand spectacle. Le col de Menté en début d'étape permettra tout de même de ne pas avoir un peloton trop fourni au pied de Balès donc pourquoi pas si les équipiers montrent des signes de faiblesses. Le profil complet de l'étape si dessous.

Etape 9 (5 juillet) : Pau - Laruns
155kms ; D+ : 3525m. On prend les mêmes et on recommence? Une seconde étape pyrénéenne qui ressemble à la précédente. Un gros morceau en milieu d'étape avec l'enchaînement Hourcère-Soudet et un final en descente après un dernier col (Marie-Blanque). Quelques éléments diffèrent tout de même. Tout d'abord, la transition entre le sommet du Soudet et Escot semble longue, bien que le crochet par le col d'Ichère (qui vaut un 3e catégorie à mes yeux) casse cette impression. Ceci entraîne un risque d'escamotage d'une des attractions de ce Tour 2020 à savoir le nouveau venu Col de La Hourcère. Un col difficile avec 5 kms à près de 10% de moyenne. Néanmoins dans un Tour surchargé et si loin de l'arrivée de l'étape, le potentiel offensif de ce passage est très peu exploité. On devrait donc avoir une course de cote dans Marie-Blanque entre les favoris. A cet endroit il est évident qu'il y aura des offensives. Le versant ouest de ce col par Escot est une vrai boucherie. Les 4,5 derniers kms sont à plus de 10% de pente moyenne dont les 3 derniers à près de 12%. En veille de repos on ne devrait pas se cacher à cet endroit là. La descente de Marie-Blanque est également technique et pourrait permettre de continuer à creuser les écarts. Il restera 8 kms en bas de la descente pour rejoindre Laruns, suffisant pour maintenir un belle avance et produire des écarts entre les favoris. Les échappées auront intérêt à avoir une belle avance au pied de Marie-Blanque pour espérer remporter une nouvelle fois l'étape au vu de la bataille à venir dans ce col, sa descente ainsi que dans le final. Le profil complet de l'étape ci dessous ainsi que celui du terrible col de Marie-Blanque :


SEMAINE 2 :
Après une semaine extrêmement éprouvante pour les coureurs, cette seconde semaine fera office de léger répit avant de se diriger vers les Alpes qui seront le juge de paix de ce Tour. Néanmoins, des profils piégeux, deux étapes de moyenne montagne et un dimanche de gala avec l'arrivée au Grand Colombier en mise en bouche alpestre seront au rendez-vous de ce qui sera tout sauf une semaine de transition.
Etape 10 (7 juillet) : Île d'Oléron (Le Château d'Oléron) - Île de Ré (Saint-Martin-de-Ré)
169 kms ; D+ : 530m. Attention à la remise en route ! Une étape carte postale en bord d'océan qui a tout du piège, surtout en lendemain de jour de repos. Certaines équipes comme la Ineos ou encore les perdant de la première semaine pourraient tenter d'exploiter les éventuels caprices d'Eole pour piéger leurs adversaires. Thibaut Pinot qui n'est pas réputé pour bien négocier les lendemain de repos ni plus encore les étapes à bordures craindra très certainement cette étape. Comme ce fut le cas sur la route d'Albi lors du Tour 2019, les écarts pourraient être encore plus grand sur cette étape que sur les étapes de montagne précédentes. Néanmoins, pour rassurer le public français, nous notons qu'à cet endroit de la carte, la direction dominante du vent (Nord-Ouest) n'est pas propice aux bordures car essentiellement face - 3/4 face sur ce tracé. Mais si ce jour là le vent est de Sud-Sud Ouest l'état d'alerte dans le peloton sera donné.
Pour la victoire d'étape, un sprint en plus ou moins grand comité selon le vent sera attendu. Un rond point à 250 mètres de la ligne sera là pour embêter les adeptes de longs sprints.

Etape 11 (8 juillet) : Châtelaillon-Plage - Poitiers
167kms ; D+ : 1000m. Enfin une étape tranquille pour les sprinteurs? Je pense que oui. Même si l'approche du final dans la ville de Poitiers se fait en faux plat montant, je pense que ceux qui n'auront pas encore eut l'occasion de se montrer jusqu'alors car trop mis en difficulté sur les étapes de Nice ou Sisteron par exemple ne voudront pas laisser passer leur chance. Enfin une ligne droite finale de 1500 mètres sur une belle avenue pour un sprint royal.
Etape 12 (9 juillet) : Chauvigny - Sarran
217 kms ; D+ : 3400m. Deux étapes de plaine consécutives sur ce Tour 2020 ça commençait à faire beaucoup pour ASO. Cette étape sera la plus longue de ce Tour de France, à noter que ce sera l'occasion de rendre hommage à Raymond Poulidor en traversant son village de Saint-Leonard-de-Noblat. Une étape de moyenne montagne assez difficile qui ressemble à celle du Lioran en 2016 remportée par Van Avermaet. Un final en montée pour définitivement dissuader les sprinteurs. Cette étape devrait couronner un baroudeur car située la veille d'une étape redoutée avec arrivée au Puy Mary. L'ascension du Suc au May à 25 kms de l'arrivée devrait pimenter le final et lancer la bagarre dans l'échappée pour tenter de décrocher les moins bons grimpeurs. Enfin, les derniers kilomètres en faux plat montant de cette étape devraient finir de sacrer un des hommes les plus forts de devant. Une étape quoi aurait convenu parfaitement au petit fils de Raymond. Les 30 derniers kms ci dessous :

Etape 13 (10 juillet) : Châtel-Guyon - Puy-Mary (Pas de Peyrol)
190 kms ; D+ : 4430m. L'étape la plus attendue de cette seconde semaine de course excepté celle du Grand Colombier du dimanche. C'est bien dans le Massif Central que les organisateurs ont tracé une des étapes avec le plus de dénivelé positif (2e derrière l'étape 18). Cela va ne faire que monter et descendre, sur le schéma des étapes de moyenne montagne qui ont usé le peloton ces dernières années. De là à provoquer une grande bagarre de loin entre les favoris, sans doute pas. En effet, les pourcentages "Vueltesques" du Pas de Peyrol devraient résumer la grande bataille entre les cadors à une guerre de moulinette dans les 2 derniers kilomètres de l'étape qui présentent des passages à plus de 15%. Dommage donc. L'échappée quant à elle devrait se jouer la victoire d'étape au Puy Mary (la "pyramide du Cantal"), une nouvelle fois, si le peloton adopte une stratégie classique de préservation de l'énergie en vue de la 3e semaine... Le final en escalier passant par le col de Neronne présentant de gros pourcentages également pourrait toutefois en inciter certains à attaquer d'un peu plus loin. Avant cela je n'y crois pas du tout. Le profil des 15 derniers kilomètres ci dessous :

Etape 14 (11 juillet) : Clermont-Ferrand - Lyon
197 kms ; D+ : 2700m. On annonce une étape de plaine, là encore ce ne sera pas du tout cuit pour les sprinteurs. Une étape de transition intéressante marquée par le passage du col du Béal (12kms à 5,5%). Je ne vois pas un sprinteur s'imposer mais bien un baroudeur une nouvelle fois. L'étape est trop difficile à contrôler avec ce col en début de course pour les équipes de sprinteurs et les organismes seront déjà bien entamés pour les équipiers restant. La perspective du Grand Colombier le lendemain n'arrangera pas l'affaire. On ajoute à cela un final pas tout simple dans Lyon avec les côtes de la Duchère, la montée de l'Observance et la côte de la Croix Rousse. Christian Prudhomme qualifie cette étape de "petit Milan - San Remo", n'exagérons rien non plus..
Etape 15 (12 juillet) : Lyon - Grand Colombier
175 kms ; D+ : 3715m. Dimanche avant jour de repos oblige, il faut une grande et belle étape qui restera dans les mémoires quand on évoquera le Tour 2020. Les organisateurs ont choisi de tout mettre en oeuvre pour voir un favori s'imposer en haut du Grand Colombier et pourquoi pas frapper un grand coup pour le général final. Certains s'offusquent sur le fait d'aller chercher Culoz pour monter le Grand Colombier par le versant Est, je pense plutôt que ce n'est pas une si mauvaise idée que cela. Certes nous aurons 20 kms de vallée entre les deux dernières difficultés mais ce que je retiens c'est que nous passerons par le versant qui présente ses pourcentages les plus difficiles en début d'ascension et non l'inverse ce qui pour moi a le plus de répercussion sur l'attitude des coureurs. Cette vallée vers Culoz, outre le fait de diminuer encore plus les chances de l'échappée ce jour là, pourrait même être bénéfique à un coureur offensif dans le Col de la Biche qui aura placé des relais à l'avant. Avant cela nous aurons monté un troisième nouveau col dans ce Tour 2020 et pas des moindre : la montée vers la Selle de Fromentel et ses passages à plus de 20 % en son sommet.
La stratégie des grosses équipes sera vraiment intéressante. Si elles laissent du champ à l'échappée elles prennent le risque d'attaques dès Fromentel pour rattraper les relais placés à l'avant. Si elles sont trop proches des échappées à l'entame des difficultés elles s'exposent aussi aux offensives dans l'hypothèse où les équipiers montrent des signes de faiblesse. Dans le cas où rien ne se passe chez les gros avant le grand Colombier, la montée par le versant Est incite aux attaques dès le pied. Placé en veille de repos, il ne devrait pas y avoir de calculs, aucun scénario n'est à exclure pas même ceux d'attaques de grande envergure. Aux coureurs de faire la course, mais s'ils le décident cette étape peut devenir mythique. Ci dessous le profil complet de l'étape ainsi que celui de la montée finale du Grand Colombien par son versant Sud Est :


SEMAINE 3 :
La troisième semaine, les Alpes, la Planche des Belles Filles... On aura beau dire, on pourra se prendre à rêver de tous les scénarii possibles et imaginables, on pourra fantasmer sur la première semaine entre Nice et Laruns mais je pense bel et bien que le Tour de France se jouera vraiment lors de cette 3e semaine. Et même plus précisément lors des trois étapes mastodontes : Méribel, la Roche-sur-Foron, et évidement le chrono de la Planche des Belles Filles. Si le peloton aura souffert lors des 2 premières semaines c'est pour mieux exploser lors de la 3ème, le terrain proposé permettra de conserver un espoir de renverser la situation ou bien d'enfoncer définitivement le clou. La récupération jouera un rôle essentiel évidemment surtout du fait du programme qui a été proposé aux coureurs auparavant. Les défaillances devraient être au rendez-vous, tout comme les spécialistes de la 3e semaine.
Etape 16 (14 juillet) : La Tour-du-Pin - Villard-de-Lans
165kms ; D+ : 3855m. Relativement classique en ce jour de fête nationale, une étape de moyenne montagne laissant l'opportunité de victoire à bon nombre de coureurs et donc de ce fait à beaucoup de nos coureurs français. Il sera intéressant de voir si l'échappée pourra se dessiner ou non avant le col de Porte (dont le pied est situé au km 50). Si l'arrivée quant à elle est jugée au sommet de la bosse qui avait vu la victoire au sprint de Lance Armstrong en 2004 devant Carlos Sastre, il est peu probable d'y voir un gros s'y imposer en 2020. En effet, dans la perspective des 2 grosses étapes des Alpes et surtout la veille du col de la Loze, l'étape de Villard-de-Lans semble être promise une nouvelle fois dans ce Tour aux baroudeurs-grimpeurs (ce n'est pas la présence du Mont Noir espéré par beaucoup sur cette étape qui y aurait changé quelque chose). Les Mont du Vercors devraient permettre de départager les hommes de tête à la pédale. La montée finale à Villars-de-Lens (3kms à 6%) laissera de l'espoir aux coureurs les moins rapides des rescapés de l'échappée du jour. Ci dessous le final de l'étape (5 derniers kms) :

Etape 17 (15 juillet) : Grenoble - Méribel Col de la Loze
174kms ; D+ : 4430m. Présenté comme l'étape reine de ce Tour de France, cette étape sera redoutée par tous les coureurs. Une étape clairement attendue, dont l'arrivée sera jugée au sommet du Col de la Loze qualifié par Christian Prudhomme comme "le prototype du col du 21ème siècle". Le Col de la Loze a été emprunté en course pour la première fois l'an passé sur le Tour de l'Avenir sous le format d'une étape "sprint" de 23kms et les coureurs avaient passé la ligne au compte goutte (voir video ci dessous). Un col donc méconnu et peu référencé mais qui est annoncé unique de part sa route en elle même. Ouverts seulement aux cyclistes, les 7 derniers kilomètres se feront sur une nouvelle route d'altitude où se succèdent replats et murs aux alentours de 20% de pente. Des ruptures de pente incessantes sur une route étroite, le spectacle y sera attendu. Un col qui sera également le toît de ce Tour de France 2020 à 2310m d'altitude. Avant cela, les coureurs auront gravi le mythique col de la Madeleine (2000m) par son versant sud et ses 20 kms à 8% de moyenne, de quoi puiser déjà dans les réserves bien entamées par un Tour ultra difficile sur le papier. Un final aussi spectaculaire sera impossible à escamoter et on espère une grande bagarre entre les gros, au moins dans la dernière difficulté. Cette étape sera l'avant dernière chance donnée aux grimpeurs de creuser du terrain avant le contre-la-montre de la Planche des Belles Filles. Gardons également à l'esprit que c'est la seule qui dépasse les 2000 m chers aux Colombiens.
Ci dessous, le profil complet de l'étape ainsi que la reproduction OpenRunner des 7 kilomètres de la fameuse route d'altitude amenant au col de la Loze.


Etape 18 (16 juillet) : Méribel - La-Roche-sur-Foron
168kms ; D+ : 4800m. Sans aucun doute l'étape qui pourrait être la plus spectaculaire. Dernière étape de montagne, un jour de transition entre cette étape et le chrono du samedi et un enchaînement de difficultés bien pensé qui pourrait permettre aux grimpeurs d'abattre leurs dernières cartes de loin. En espérant que la Ineos et/ou les Jumbo Visma n'aient pas les moyens de bloquer la course jusqu'à Glières, on pourrait avoir un feu d'artifice et des alliances de circonstance. Un peu comme sur l'étape de Solaison sur le Dauphiné 2017 lors de laquelle Froome avait enterré Richie Porte, si les équipiers ne sont pas au niveau dans la lignée de ce qui s'était passé cette année sur le Tour, des surprises pourraient arriver et des grimpeurs se replacer dans la course à la victoire finale.
Même si on aurait pu espérer une difficulté avec des pourcentages plus importants en début de course pour durcir encore plus la tâche des gregrios et en éliminer un maximum. Un crochet par la montée de Bisanne avant de rejoindre le col des Saisies à l'approche de son sommet plutôt que de monter ce dernier par Haute-Luce aurait été fou.
Quoiqu'il arrive Glières est un tremplin idéal pour tenter quelque chose si la course ne s'est pas décantée avant. Des pourcentages extrêmes et un chemin en terre au sommet que l'on avaient entre-aperçus en 2018. Mais, le col franchi en tête en début d'étape par un Alaphilippe en route vers la victoire au Grand Bornand, n'était pas placé dans l'étape de sorte à ce que son potentiel offensif soit exploité. Ce ne sera évidemment pas le cas en 2020 puisque le sommet sera situé à moins de 30 kms de l'arrivée. S'en suit une descente technique et une dernière bosse à faible pourcentage où des écarts pourraient continuer de se creuser. Une belle étape pour rattraper son retard ou bien pour se construire un matelas intéressant en vue du chrono. Ci dessous le profils complet de l'étape reproduits ainsi que celui du col des Glières.


Etape 19 (17 juillet) : Bourg-en-Bresse - Champagnole
160kms ; D+ : 2050m. Au lendemain des deux grosses étapes des Alpes et en veille d'un chrono décisif pour le classement général, c'est la classique étape pour baroudeurs de fin de Grand Tour. La dernière et la seule chance de victoire d'étape dans cette troisième semaine pour les trois quart du peloton si ce n'est plus. Donc du monde pour tenter de se glisser à l'avant. Notons que même les équipiers des leaders pourraient être de la partie étant donné qu'ils n'auront aucun rôle à jouer sur le chrono. Sur les routes du Jura, je vois mal les sprinteurs rescapés et leurs équipes capables de contrôler une flopée de baroudeurs. Leur chance sera sur les Champs.
Etape 20 (18 juillet) : Lure - La Planche des belles filles (CLM)
36kms ; D+ : 962m. Le dernier rendez-vous tant attendu de ce Tour 2020. La France rêve de voir Thibaut Pinot remporter le Tour à domicile sur ses pentes d'entraînement, peu après avoir traversé son village de Mélisey. L'histoire serait aussi belle qu'elle serait tragique si ce dernier perdait le jaune sur ces mêmes routes, de quoi nourrir un peu plus sa légende fleurissante de héros malheureux.
Pour en revenir au parcours en lui même, notons évidemment que c'est le seul et unique chrono de ce Tour. Mais, si beaucoup pensent que cette donnée est un clair avantage pour les grimpeurs, surtout au vu de la typologie de ce dit chrono, j'y mettrai un gros bémol. Tout d'abord, attention à ne pas sous estimer l'avance que pourrait creuser un spécialiste de l'exercice sur ce type de chrono par rapport à un pur grimpeur. En effet, beaucoup de grimpeurs penseront sans doute être toujours dans la course avec un matelas de quelques secondes avant d'aborder le contre la montre final, plus que si ce chrono avait été plat. Et ce serait pour moi une erreur de penser que le débours ne sera pas important et donc ne pas attaquer suffisamment dans les étapes précédentes pour se mettre un peu plus à l'abris.
Je pense que la gestion de ce type d'effort (15 kms de plaine, 15 kms légèrement vallonnés et les 6 kms de la montée de la Planche des Belles Filles (et non la Super Planche comme en 2019)) est ultra favorable aux Roglic, Froome ou encore Dumoulin si ce dernier se voit proposé un rôle de leader en juillet prochain. Les grimpeurs risqueront d'avoir du mal à gérer le fait de perdre un minimum de temps dans la plaine tout en gardant suffisamment d'énergie pour la montée finale. Pour moi Roglic est clairement avantagé par ce chrono. Rappelons aussi que même si le kilométrage peut paraitre court (36kms) je pense que le temps d'effort sera situé aux alentours de 55min, largement de quoi reprendre 2 minutes ou plus pour un Roglic sur certains grimpeurs. Le positionnement de ce seul et unique chrono en toute fin de Tour n'est pas non plus favorable aux escaladeurs car c'est un élément qui pourrait bloquer les offensives. Du temps perdu sur chrono plus tôt dans la course inciterait plus les grimpeurs à se porter à l'attaque les jours suivant. Le profil de ces 36 derniers kms décisifs dans ce Tour 2020 :

Etape 21 (19 juillet) : Mantes-la-Jolie - Paris
122kms ; D+ : 635m. Etape classique pour finir avec arrivée et sprint royal sur les Champs Elysées. Auparavant, traditionnelle procession, champagne et photos souvenir pour fêter les héros de la veille. Maillot jaune vissé sur les épaules, le futur vainqueur et son équipe pourront parader fièrement sur la plus belle avenue du monde.
En ce qui concerne la victoire d'étape, la question sera de savoir combien et quel sprinteurs auront survécu à ce Tour 2020. Qui aura eu le courage de s'accrocher 10 jours entre Poitiers et Paris avec pour seul objectif ce sprint sur la plus belle avenue du monde? Il faudra compter les morts et desceller lequel des sprinteurs finira ce Tour le plus frais et le plus fort.

Nous avons donc passé au peigne fin les 21 étapes du prochain Tour de France. La seconde partie de cet article sera l'occasion de vous proposer mes conclusions sur le parcours et sur les forces en présence à l'instant T. Nous parlerons des coureurs les plus à même de profiter de ce parcours particulier. La seconde partie sera articulée comme suit :
Ressenti global sur le parcours et conclusions à en tirer
Les favoris
Les outsiders
Les grosses cotes
et surtout : Les premiers paris long terme !!
See you later ...

Crédit photo © A.S.O. Pauline Ballet
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